Dans la nuit du lundi 23 juin, 48 heures après avoir lancé des raids aériens contre les sites nucléaires iraniens de Fordo, Natanz et Ispahan, Donald Trump a imposé avec difficulté un cessez-le-feu à Tel-Aviv et Téhéran, mettant un terme à l’escalade qui menaçait la stabilité régionale et mondiale.
Un trop coûteux conflit pour tout le monde
Si Donald Trump multipliait jusqu’à présent les signaux contradictoires sur les buts de guerre de l’intervention israélienne à laquelle Washington a participé, ses dernières déclarations sont sans équivoques. Après avoir exhorté Israël et l’Iran à cesser immédiatement leurs attaques, le président américain a refusé catégoriquement de céder aux ambitions israéliennes de changement de régime qui “n’apportent que le chaos”, selon ses mots.
Washington, Téhéran et Tel-Aviv semblent avoir intégré qu’en dépit de leurs ambitions respectives, l’aggravation de ce conflit ne profite à personne.
Celui-ci est tout d’abord trop coûteux pour la propre popularité du président américain. Élu sur la promesse de rompre avec l’interventionnisme tous azimuts de ses prédécesseurs, Donald Trump a absolument besoin de rassurer sa base électorale du mouvement MAGA – Make America Great Again – qui, voyant se dessiner un scénario similaire à celui de la guerre d’Irak de 2003, réclame la fin des hostilités.
L’Iran et Israël fragilisés
En difficulté, le pouvoir iranien n’a pas eu d’autre choix que d’accepter le cessez-le-feu pour assurer sa survie et limiter les dégâts des frappes israéliennes qui ont fait plus de 600 victimes. Israël pareillement, qui contrairement à ses attentes, ayant été incapable d’enrayer le lancement des missiles iraniens et ayant subi des dégâts très importants à ses infrastructures, ne pouvait pas non plus persévérer dans ce conflit. Alors que l’armée israélienne est parvenue très rapidement à contrôler l’espace aérien de Téhéran, l’arsenal balistique et les installations nucléaires iraniennes ont été gravement endommagés. Redoutant un embrasement qui lui aurait été coûteux, le pouvoir iranien a parfaitement calibré sa riposte en informant en amont Washington de ses frappes symboliques contre ses bases au Qatar.
Quant à Israël, malgré la tentative de profiter de l’affaiblissement du régime iranien pour le renverser, le rappel à l’ordre brutal de Donald Trump l’a un peu plus isolé sur la scène internationale.
De surcroît, comme rappelé, bien que la supériorité militaire de l’État hébreu soit indiscutable, cette guerre “préventive” a révélé les failles du Dôme de fer [le système de défense aérienne mobile israélien ndlr] qui n’est pas parvenu à intercepter des missiles iraniens, causant d’importants dégâts matériels et près de trente victimes civiles.
Vers une reprise des négociations ?
Toute la question est de savoir si cette accalmie n’est qu’une trêve pour poursuivre en sous-main la déstabilisation du pouvoir iranien ou s’il s’agit de l’amorce d’un nouvel accord sur le nucléaire iranien. Les dires selon lesquels 400 kg d’uranium hautement enrichi auraient été transférés sur d’autres sites gardés secrets obligeraient la communauté internationale à reprendre le chemin du dialogue.
Cependant, après la dénonciation de Trump de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2018, puis son aval aux frappes israéliennes trois jours avant une réunion irano-américaine à Mascate, la confiance entre l’administration américaine et le pouvoir iranien sera laborieuse à restaurer.
Ardavan Amir-Aslani et Sixtine Dupont dans Le nouvel Economiste le 26/06/2025
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