La suprématie militaire aérienne de l’Occident abattue en plein vol

L’affrontement aérien qui a opposé, le 7 mai dernier, des avions indiens et pakistanais au-dessus du Cachemire aurait pu n’être qu’un épisode de plus dans le conflit vieux de soixante-quinze ans. Mais la chute d’un Rafale français, abattu par un chasseur J-10C chinois, a transformé cet incident en un séisme stratégique. Pour la première fois, en presque un siècle, un appareil occidental de premier rang a été neutralisé en combat réel par un concurrent asiatique. Un symbole qui marque l’avènement d’un monde multipolaire dans l’industrie de la défense et qui interroge la supériorité technologique longtemps tenue pour acquise par les armées occidentales.

Vitrine inespérée pour son complexe militaro-industriel chinois

Le Rafale, fleuron de Dassault Aviation, incarne l’excellence aéronautique européenne. Doté d’une avionique de pointe et d’une polyvalence reconnue, il figurait parmi les chasseurs les plus redoutés au monde. Son apparente vulnérabilité face au J-10C, un appareil de génération 4.5 développé par la Chengdu Aircaft Corporation, balaie des certitudes ancrées dans les états-majors occidentaux. Les détails de l’interception restent disputés : Islamabad affirme avoir abattu trois avions indiens, dont un Rafale, tandis que New Delhi minimise ses pertes. Mais les analyses concordent sur un point : le missile PL-15, d’une portée supérieure à 200 km, et le radar AESA du J-10C ont joué un rôle décisif. Cette première validation opérationnelle de ces systèmes face à un adversaire de haut niveau érode le mythe de l’invulnérabilité des avions occidentaux.

Pour Pékin, l’évènement est une aubaine. La Chine, déjà premier exportateur d’armes vers le Pakistan – 82 % des importations militaires pakistanaises en 2024 selon le Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) – y trouve une vitrine inespérée pour son complexe militaro-industriel. Longtemps perçue comme une puissance “copiste”, la Chine démontre sa capacité à développer des technologies rivalisant, voire dépassant, celles de l’Occident.

Le J-10C, moins coûteux et sans contraintes politiques, séduit des pays africains et moyen-orientaux. La bourse de Shanghai a d’ailleurs enregistré une hausse de 8 % des actions de Chengdu Aircraft la semaine suivante.

Vers un nouvel équilibre des forces

L’évènement a provoqué une onde de choc à Paris, Bruxelles et Washington. La supériorité aérienne occidentale, pilier des doctrines de l’Otan, se voit contestée. Les alliées des États-Unis en Asie-Pacifique pourraient réévaluer leurs achats d’avions de combat. Les performances chinoises obligent l’Occident à accélérer ses programmes de guerre électronique. Le projet européen FCAS (Futur Combat Air system) pourrait être redimensionné.

L’Inde, humiliée, envisage d’acquérir des Awacs et des F-35 américains pour contrebalancer la menace. Une aubaine pour Washington dans sa stratégie d’endiguement de Pékin.

Au-delà du militaire, l’incident consacre un basculement géopolitique. La Russie perd du terrain en Inde au profit de la France et des États-Unis. La Chine, elle, s’impose comme une puissance capable de fournir des armements compétitifs et désormais éprouvés au combat. Pour Pékin, le message est clair : la hiérarchie des puissances aéronautiques n’est plus figée. Un monde qui change…

Ardavan Amir-Aslani et Violette Froger dans Le nouvel Économiste le 26/05/2025

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