Interview : « Un an après l’accord sur le nucléaire, c’est la douche froide en Iran »

Un an après, l’accord sur le nucléaire iranien n’a pas tenu ses promesses. L’engouement pour la marché iranien perçu comme un eldorado est retombé, selon l’avocat iranien Ardavan Amir-Aslani, interrogé vendredi par la RTS.

« L’économie iranienne n’a pas connu la croissance espérée, même si l’inflation est un peu stabilisée. Globalement, il n’y a pas eu de création d’emplois, les investissements étrangers se font attendre, toujours sur la menace de sanctions américaines. Et l’élection de Donald Trump à Washington n’a pas aidé pour faire avancer les choses dans le bon sens », détaille Ardavan Amir-Aslani dans le Journal du matin sur La Première.

Si seulement 10% des objectifs en termes d’investissements étrangers directs ont été remplis à la suite de la levée des sanctions, cela s’explique aussi par la question bancaire, estime cet avocat franco-iranien au barreau de Paris.

Frilosité bancaire

En effet, l’accord nucléaire du 14 juillet 2015, implémenté le 16 janvier 2016, a réalisé seulement la levée des sanctions liées au nucléaire. Mais il n’a pas traité la question des sanctions américaines qui sont les plus importantes et les plus menaçantes, observe Ardavan Amir-Aslani.

Résultat: aujourd’hui, les banques internationales, les banques européennes, qui sont légalement autorisées à transférer des fonds en euros vers l’Iran ou à financer des projets, refusent de s’y impliquer par crainte d’éventuelles sanctions américaines. Les projets industriels, faute de financement, n’ont aucune chance d’aboutir.

Un pays « déçu » en stand-by

Aujourd’hui, l’Iran est globalement en stand-by, constate Ardavan Amir-Aslani, qui mentionne la décision du groupe Total, la semaine passée, de mettre en suspens ses projets d’investissements. L’entreprise pétrolière française attend de voir si l’administration Trump va prendre, en juin, l’executive order nécessaire pour prolonger la levée des sanctions, raconte-t-il.

« L’accord n’a pas servi à rien », défend toutefois ce spécialiste du Moyen-Orient. « Il a servi à créer l’espoir, à amorcer le retour de l’Iran sur la scène internationale et à reprendre ses exportations pétrolières, mais sur le plan pratique, la population iranienne n’en a pas perçu les profits. Les Iraniens ne voient pas d’amélioration de leur sort au quotidien », assure-t-il, soulignant la déception qui prédomine dans ce pays de 82 millions d’habitants, où 70% de la population a moins de 42 ans.

Juliette Galeazzi

Ecoutez en intégralité l’émission ICI. Extrait vidéo de l’interview ICI.

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