Syrie: après sa destruction par Daech, « tout reste à faire » pour Palmyre

Six mois après la fuite des combattants de l’Etat islamique de Palmyre, la cité antique est un champ de ruines. L’enjeu est à présent de laisser les Syriens gérer sa reconstruction, sans pour autant porter cette restauration au crédit de Bachar el-Assad.

Il y a tout juste un an, l’organisation Etat islamique (EI) faisait exploser le temple de Baalshamin dans la ville antique de Palmyre. Véritable joyau du site archéologique, il n’est qu’un exemple parmi d’autres des nombreuses destructions qu’a enduré la cité pendant ses dix mois d’occupation. Le temple de Bel a également été soufflé par lEI dans son saccage de l’antiquité préislamique, ainsi qu’un temple assyrien vieux de plus de 3000 ans.

En mars 2016, la cité antique a finalement été reprise par le régime syrien, épaulé par des forces russes, qui contrôlent toujours le secteur. Six mois plus tard, elle est toujours en ruines comme le dévoile un reportage de Marianne. « Vraiment tout reste à faire » explique Ardavan Amir-Aslani, avocat spécialiste des questions de protection de patrimoine, contacté par L’Express. Difficile en l’état d’affirmer que la reconstruction de Palmyre sera possible. Et si oui, à quel moment.

Phase d’évaluation des dégâts

« Nous sommes dans une phase d’évaluation des dégâts » expliqueJacques Seigne, archéologue et architecte, contacté par L’Express, qui était sur le site il y a encore quelques semaines: « Ce n’est pas certain que l’on puisse faire quelque chose. Néanmoins, la France a un rôle important à jouer dans tout cela. Elle peut fournir aux Syriens une documentation importante pour le chantier de fouille. »

Sur le chantier, on tempère les projections d’une possible reconstruction de Palmyre à l’aide de logiciels 3D. Une restauration efficace passerait d’abord par du matériel plus classique, comme des grues, et surtout de l’eau et de l’électricité sur place pour les archéologues.

Présence russe

Le site est actuellement aux mains des forces russes, qui tentent d’intimider le personnel. Jacques Seigne parle de ressortissants syriens parfois empêchés d’accéder à la cité antique, bouclée par les militaires. Hélicoptères vrombissants ou bruits d’explosion, l’armée n’a pas vocation à se faire oublier.

« Les Russes sont restés à l’origine pour déminer le site » explique Ardavan Amir-Aslani, avant de préciser que sur place, certains ont l’impression qu’ils n’ont pas l’intention de quitter les lieux.

Sauver Palmyre, la cause du régime?

Côté régime syrien, c’est le Directorate of Antiquities and Museum (DGAM) qui est en charge du site. Une manière pour Bachar el-Assad d’utiliser la restauration de Palmyre comme outil de propagande? « Ce n’est pas la question!, s’emporte Jacques Seigne, vouloir sauver le patrimoine syrien, ce n’est pas aider Assad, c’est au-delà d’une démarche politique! »

L’architecte plaide surtout pour que l’on laisse les commandes du chantier monumental aux Syriens qui « sont maîtres chez eux ». La mobilisation de sculpteurs du pays pour reproduire le fameux Lion d’Athéna ou l’arc de Palmyre semble valider son hypothèse.

Retrouvez l’article sur l’express ici.

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